C’est un récit particulièrement poignant, en prise directe avec un triste chapitre que traverse l’Afghanistan, que retrace le documentaire animé Inside Kaboul, diffusé mercredi 8 mars à 23h35 sur France 5. Réalisé à partir d’un podcast diffusé sur France Inter, ce film retrace le destin parallèle de deux jeunes Afghanes dont la vie bascule à l’arrivée des talibans au pouvoir en août 2021.
A travers leur témoignage sonore, recueilli pendant un an et demi par la journaliste Caroline Gillet, on découvre la vie à Kaboul de Raha et Marwa (leurs prénoms ont été modifiés). Ces deux amies racontent leur quotidien, leurs tourments ainsi que leur inquiétude de se retrouver dans un pays qu’elles ne reconnaissent plus. Cette correspondance vocale est la colonne vertébrale de ce documentaire animé, coréalisé par Caroline Gillet et Denis Walgenwitz, et mis en images par la graphiste et artiste-peintre afghane basée à Paris Kubra Khademi.
“Je n’ai pu emporter mon corps sans mon âme”
Si Raha, 21 ans, décide de rester avec ses parents dans la capitale afghane à l’arrivée des talibans, son amie Marwa, 23 ans, quitte la mort dans l’âme son pays et sa famille avec son mari. “Je n’ai pu emporter mon corps sans mon âme“, livre-t-elle tristement dans une note vocale adressée à Caroline Gillet. Ils réussissent à prendre un avion pour Abou Dabi (Emirats arabes unis) et y rejoignent un camp de réfugiés. Alors qu’il passe la plupart du temps enfermé dans une petite chambre, le couple est en proie à la nostalgie, l’angoisse et l’ennui, dans l’attente de savoir dans quel pays ils pourront enfin poser leurs valises.
De son côté, Raha, perd son travail au tout début du règne des talibans, tout comme tous les membres de sa famille. Elle passe la plupart de son temps enfermée dans sa maison, même si elle brave parfois les dangers de l’extérieur pour s’octroyer quelques sorties dans les rues de Kaboul.
Après plusieurs mois sans activité, Raha finit par réussir à retrouver un emploi. Mais tout s’effondre cinq mois après, lorsqu’une explosion retentit près de ses bureaux. Son père, inquiet, lui demande comme son employeur de ne plus se rendre au travail. “Le patron nous a envoyé un courriel, en nous disant qu’on ne pouvait plus travailler là à cause des problèmes de sécurité. On était que deux collègues femmes avec plus de 150 employés hommes, et ils n’ont dit qu’à nous deux qu’ils ne pouvaient plus prendre la responsabilité de notre sécurité”, réagit la jeune femme. “Je me suis sentie tellement déçue de tout. Je ne sais vraiment pas comment en parler à ma famille qui était si heureuse qu’au moins moi, [je retrouve] du travail.”
“Tout ce qu’il nous reste tient dans deux sacs à dos”
Alors que Raha est effondrée par la perte de son emploi, Marwa apprend qu’elle va enfin pouvoir quitter le camp de réfugiés d’Abou Dabi. “On a reçu nos billets aujourd’hui pour l’Allemagne. (…) On va avoir notre propre maison (…) Je suis si heureuse ! Je suis en train de danser là, sauf qu’il n’y a pas de musique”, s’enthousiasme la réfugiée. “Et maintenant, voilà tout ce qu’il nous reste… Ça tient dans deux sacs à dos. Cela me rappelle tout ce que l’on a laissé derrière nous. Notre foyer, nos affaires, mais aussi nos souvenirs, notre terre. Maintenant, je comprends ce que coûte cette guerre, ce qu’on peut ressentir.”
Si l’avenir semble sourire à Marwa et à son mari, qui s’envolent vers des cieux plus cléments en Europe, celui de Raha s’assombrit chaque jour davantage, à mesure que son pays s’enfonce dans l’obscurantisme. Les deux amies, qui continuent à envoyer régulièrement leurs notes sonores à Caroline Gillet, se sont promis de se retrouver un jour, quelque part…
Le documentaire Inside Kaboul, réalisé par Caroline Gillet et Denis Walgenwitz, est diffusé mercredi 8 mars à 23h35 sur France 5 et est visible dès 18 heures sur France.tv
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