À Tours, cinq activistes du collectif Dernière Rénovation sont jugés mardi 22 août au tribunal correctionnel. Ils sont poursuivis pour “dégradations de biens à l’utilité publique”. Fin mars 2023, ils ont aspergé de peinture orange, la façade et le portail de la préfecture d’Indre-et-Loire, pour dénoncer l’inaction du gouvernement face au réchauffement climatique. Après avoir été acclamés par le “Convoi de l’eau” qui a fait escale devant le tribunal avant le procès, les cinq prévenus ont vécu des heures plus difficiles lors de l’audience.
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Ces jeunes adultes de 19 à 28 ans ont tenté tout au long de leur prise de parole de convaincre le tribunal du caractère symbolique de leur action. “Je ne suis pas devant vous par plaisir”, déclare Rachel, cette Rouennaise qui dit s’être engagée dans l’écologie après avoir été choquée par l’incendie de Lubrizol. “La question aujourd’hui n’est pas de nous juger, assure la prévenue, mais de savoir de quel côté de l’histoire on veut être”. Rachel a déjà été condamnée en mai dernier pour avoir aspergé de peinture orange une sculpture à Paris et elle se dit prête à recommencer.
Jérémy, Swann ou encore Emmanuel, comparaissent eux aussi pour la première fois. Ils disent faire cela pour “pouvoir vivre et non plus survivre dans un monde qui s’effondre”, et pour “avoir des enfants”. Ils demandent à la juge de reconnaître l’état de nécessité de leur démarche : peindre des pierres en orange pour sauver des vies.
Le département réclame 34 000 euros de préjudice
Malgré tout, ils n’ont pas convaincu les parties civiles et le ministère public. L’avocat du Conseil départemental, propriétaire du bâtiment, s’est dit “touché par la sincérité de la démarche” mais selon lui, le monde est “un peu plus compliqué que ça”. Pour lui, ce n’est pas en aspergeant de peinture une préfecture qu’on va forcer le gouvernement à enclencher un plan d’urgence pour la rénovation thermique des logements, qui est l’unique revendication de Dernière Rénovation.
L’avocat du Conseil départemental a demandé 32 000 euros de préjudice pour la remise en état du bâtiment, ainsi que 2 000 euros de préjudice moral. La préfecture, également partie civile dans cette affaire, n’a demandé aucun dommages et intérêts, mais elle a tenu à alerter sur la banalisation de ce type de délits chez les militants.
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Quant au représentant du ministère public, Joël Patard, qui a tenu à rappeler qu’il a été lui aussi militant à ses heures, il assure comprendre l’urgence climatique : “Une évidence, dit-il, sauf pour les complotistes”. Pourtant, il ne suffit pas de réclamer l’état de nécessité pour l’obtenir, il faut être dans un état de péril imminent, comme le rappelle Joël Patard. Selon lui, ces activistes se sont trompés de salle pour faire de la politique. “Ici, on juge les responsabilités pénales et on applique la loi”, souligne le procureur. Il a requis 1 000 euros d’amende pour chacun des prévenus. Les avocates de la défense, Louise Hennon et Roxane Best, ont plaidé la relaxe. Le tribunal rendra son jugement mardi 29 août.