“Ce serait malhonnête de dire que l’ours polaire va mal”, reconnaît Christian Kempf, mardi 27 février, à l’occasion de la journée internationale consacrée à l’espèce. Ce géographe et biologiste, qui étudie l’ours blanc depuis plus de 50 ans, a assisté aux premières loges aux efforts de conservation menés pour sauver le prédateur du Grand Nord, autrefois poussé au bord de l’extinction par le commerce de sa fourrure immaculée.
“Depuis 2015, il est classé parmi les espèces vulnérables, mais il n’est pas en danger de disparition”, explique l’expert. Mais loin de se réjouir pour l’avenir de ce géant, dont les Vikings disaient “qu’il avait la force de onze hommes et la ruse de douze”, il souligne que sa relative bonne santé est compromise par la destruction rapide de son habitat : la banquise. Résilient, puissant et pragmatique, l’ours polaire n’en demeure pas moins le symbole de la vulnérabilité de la biodiversité face aux multiples agressions humaines. Franceinfo revient sur les menaces qui continuent à peser sur lui.
La chasse non traditionnelle
L’ours blanc a déjà échappé de peu à l’extinction. En 1973, en pleine Guerre froide, un effort inédit de pays pourtant rivaux lui a sauvé la mise, explique Christian Kempf. “L’accord sur la conservation des ours blancs, signé par le Canada, le Danemark, la Norvège, la Russie et les Etats-Unis, est le seul traité environnemental signé entre les pays du pacte de Varsovie [l’alliance militaire qui liait les pays d’Europe de l’Est avec l’URSS] et ceux de l’Otan“, relève-t-il.
En mettant en place des quotas de chasse, les pays qui abritent l’espèce arrivent alors à reconstituer une vingtaine de populations réparties sur le Grand Nord, fortes de 19 000 à 22 000 individus au total. “Une stabilisation, mais pas une progression !”, souligne Christian Kempf, qui assure que la chasse reste une entrave au développement de l’espèce.
“Le braconnage existe toujours en Russie”, souligne l’expert, pointant l’immensité du territoire comme principal obstacle à tout contrôle rigoureux. Aux Etats-Unis et au Canada, les quotas sont respectés, mais les autorités sont parfois peu regardantes avec la chasse non traditionnelle. “Pour les Inuits, la chasse à l’ours est une pratique ancestrale, qui fait partie du mode de vie et de la tradition et doit, à ce titre, être protégée”.
“Hélas, il existe un tourisme lié à la chasse à l’ours polaire, avec des personnes qui se rapprochent des communautés locales pour profiter de leurs quotas.”
Click Here: Australia Rugby ShopChristian Kempf, biologiste et spécialiste de l’ours polaire
à franceinfo