En lice pour l’Oscar du meilleur film, Women Talking, une oeuvre puissante “sur la démocratie, le pouvoir et la féminité”
En lice pour l’Oscar du meilleur film, Women Talking, une oeuvre puissante “sur la démocratie, le pouvoir et la féminité”

En lice pour l’Oscar du meilleur film, Women Talking, une oeuvre puissante “sur la démocratie, le pouvoir et la féminité”

Women Talking de Sarah Polley, une oeuvre puissante à voir au cinéma. Il est en lice pour l'Oscar du meilleur film, dont le palmarès sera connu dimanche prochain. Nous avons rencontré l'équipe.

De quoi ça parle ?

Des femmes d’une communauté religieuse isolée luttent en 2010 pour réconcilier leur foi et leur réalité quotidienne. D’après le roman de Miriam Toews.

Women Talking

Sortie :

8 mars 2023

|
1h 44min

De
Sarah Polley

Avec
Rooney Mara,
Claire Foy,
Jessie Buckley

Presse
3,2

Spectateurs
3,0

Séances (166)

AlloCiné : Sarah, parlez-nous de l’ambiance pendant le tournage de Women Talking ?

Sarah Polley : Tout le monde passait tellement de temps ensemble. A la fin, nous formions comme une communauté d’apprenties sorcières qui se tiraient les cartes de Tarot, qui brodaient ensemble. Il y avait aussi un certain nombre de bébés en permanence sur le plateau comme celui de Rooney Mara.

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Chaque fois qu’il y avait pour telle ou telle actrice une scène difficile à jouer, toutes les autres actrices étaient derrière elle pour la soutenir dans sa performance. Quel bel exemple de solidarité. Ce fut vraiment un tournage plein d’émotion, plein d’humanité. Nous étions devenues tellement proches les unes des autres. Je crois qu’aujourd’hui nous avons formé des liens indestructibles. Ce qui est incroyable, c’est que tout a commencé par une semaine de répétition virtuelle via zoom. Et puis, nous avons encore passé une semaine ensemble, en présentiel, juste avant le tournage. Du jamais vu. Mais ce fut le seul moyen de réunir autant de personnes à la fois pour ce tournage.

C’est un film fort avec des femmes fortes. C’est une réflexion sur la notion de démocratie, le pouvoir et la féminité. Ce sont des conversations délicates et importantes à avoir, encore plus de nos jours. C’est également l’idée que nous n’avons pas toujours à tomber d’accord, suivant la conversation, mais qu’il faut savoir, toujours, aller de l’avant et construire, ensemble, le futur.

Claire, parlez-nous de votre personnage, Salomé.

Claire Foy : Quelle ténacité vit en elle. Elle a le besoin de rester dans le combat et le besoin de rester vivante. Sans sa bataille, elle n’a plus de sens à sa vie et à celle de sa fille. Elle a un besoin de justice. D’autant qu’elle se sent abandonnée par sa communauté. Elle veut que ceux qui ont commis une injustice envers son enfant payent le prix lourd. Elle a besoin de croire en ce combat pour la justice, c’est ce qui la maintient en vie.

Ce personnage m’est venu assez facilement car je suis pleine de rage et je me suis toujours battue dans ma vie pour en arriver là où je suis aujourd’hui. La seule différence ici est qu’il faut maintenir l’intensité de ce personnage tout du long du tournage. Ce n’est pas simple de tenir dans la durée avec un personnage aussi en colère que celui-ci. Cela prend toute votre énergie, c’est épuisant mais le résultat en vaut la peine.

Rooney, on dirait que même lorsque votre personnage d’Ona est en pleurs, elle sourit tout de même à l’intérieur?

Rooney Mara : Je ne sais pas si ce fut un choix réel que de sourire ou de donner l’impression qu’elle sourit malgré ce qu’elle subit. En tout cas, je ne suis pas d’une nature souriante. C’est un peu l’enfer de ma vie: les gens veulent me voir souriante mais j’en suis incapable. Alors, c’est amusant de me voir souriante dans ce film, pas certain de savoir d’où c’est sorti.

Dede, encore une fois ce film s’accorde parfaitement avec votre filmographie de productrice. Qu’est-ce qui vous motive de produire tel ou tel film et surtout des films d’un tel poids, avec de tels messages?

Dede Gardner, productrice : C’est toujours l’histoire elle-même qui motive mon choix de m’engager ou pas sur telle ou telle production. Je pense que je suis attirée par les histoires qui portent en elles une grande complicité entre les protagonistes de l’histoire mise en avant. Et puis, toujours, je me demande si je pourrais vivre sans avoir fait ce film ou pas. Est-ce que je peux me passer de produire cette histoire ou pas. Et ici, ce fut encore le cas; j’aurais été vraiment triste si je n’avais pas pu produire Women Talking.

Liv, comment avez-vous approché votre personnage?

Liv McNeil : Neitje est quelqu’un vit énormément à l’intérieur d’elle même. C’est pour cela qu’elle dessine. A travers ses dessins elle permet d’exorciser son vécu. Cela lui permet de faire face au monde extérieur. Elle digère tout ce qu’elle entend, ce qu’elle voit, à travers ses dessins. Elle tente toujours de positiver sur son existence et sur son futur avec ses dessins.

Michelle, comment est-ce que votre personnage trouve le courage dont elle fait preuve?

Michelle McLeod : C’est une bonne question. Comment arrive-t-elle à trouver sa voix intérieure qui lui donne le courage et la sagesse de devenir qui elle est vraiment. C’est quelqu’un comme Salomé, qui ne lâche rien et qui continue, toujours, le combat. Ce n’est pas simple pour elle car elle est la plus jeune du groupe. Ce n’est pas facile pour elle de trouver sa place parmi tous ces adultes. Et même de se demander quand et si elle est une adulte à un moment ou un autre. Il lui faut trouver sa voie, son tempo. C’est vraiment un personnage fascinant à jouer.

Ben, pensez-vous que votre personnage de Ben, un peu remué dans tous les sens par ces femmes, qu’elles prennent l’avantage sur lui?

Ben Whishaw : Ce n’est pas mon sentiment. Ce qui est certain, c’est qu’il existe une certaine tension entre ces femmes et lui. En même temps il représente le type d’homme dont le monde a besoin. Vraiment, personne ne lui marche sur les pieds et toutes les femmes le respectent, à part, sans doute Mariche jouée par Jessie Buckley.

Quant à vous, Judith, votre personnage semble capital dans ce film ?

Judith Ivey : C’est en quelque sort le leader dont personne ne parle dans ce film. C’est quelqu’un qui tente de réveiller les autres et de leur montrer le bon chemin à suivre. Elle voit comment toute sa communauté va devoir faire preuve de courage pour s’en sortir. Elle sait utiliser le pardon pour avancer et galvaniser la force de toutes ses femmes qui veulent changer leur destinée.

Pour sûr, de faire ce film, a changé ma vision de la notion de pardon. Je croyais que je pouvais pardonner dans ma vie privée et, en fait, je me suis rendu compte que non. Maintenant j’ai conscience que le pardon est nécessaire pour tourner la page, pour pouvoir avancer en paix dans la vie.

Propos recueillis en table-ronde par Emmanuel Itier